Les Hirondelles de Kaboul

Les élèves de 2F ont rédigé des plaidoiries pour défendre des causes qui leur tenaient à cœur. Voici la plaidoirie de Romane et Jules qui évoquent le sort des femmes afghanes. Bonne lecture !

Mesdames, Messieurs,

Dans La Déclaration des Droits de la Femmes et de la Citoyenne écrite en 1791. Olympe de Gouges dit ceci :« La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droit ». Mais depuis le retour des Talibans en Afghanistan en août 2021, les femmes se sont vu peu à peu supprimer les droits durement acquis. En effet, le port de la burqas obligatoire dans les espaces publics, l’interdiction de sortir seule de son domicile, le droit à l’éducation très restreint et bien d’autres choses encore contribuent à gommer les femmes de la société. Mais l’histoire ne fait-elle pas que se répéter ? Nous parlons bien de « retour » des Talibans et non pas d’arrivée. N’oublions pas que 5 ans durant, entre 1996 et 2001, ils régnaient sur l’Afghanistan. Ils reviennent aujourd’hui plus forts, plus riches, plus puissants mais au fond, ce sont les mêmes. S’ils prétendent vouloir accorder plus de place aux femmes, ils n’en feront rien.

Femmes ! Hirondelles de la Terre, pourquoi vous interdit-on de voler à la hauteur des hommes ? Pourquoi êtes-vous dissimulées sans cesse sous ce voile obscur ? Pourquoi devez- vous faire face à des vents contraires qui vous empêchent de vivre votre vie ? Pourquoi  êtes-vous sans cesse rabaissées, humiliées, entravées et par qui ? Par des hommes. Sont-ce encore des hommes ceux qui se comportent en barbares ?

Oui vous ! Les hommes ! Pourquoi les femmes ne vous seraient-elles pas égales ? Pourquoi mériteraient- elles qu’on les rabaisse, qu’on les entrave avec des textes idiots leur ôtant certains droits dont ils jouissent eux ? Aujourd’hui, en Afghanistan, seulement 1 % des femmes font des études supérieures, 18 % sont alphabétisées chez les 15-24 ans, seulement 13 % des filles achèvent le cycle de primaire, tandis que chez les garçons, ce taux est de 50 % en 2007. Pourtant, nous savons que l’éducation est un véritable tremplin social et un vecteur de sociabilisation. On se fait des amis à l’école, c’est une étape indispensable dans la vie d’un individu. Par ailleurs, des femmes au potentiel égal aux hommes à la naissance ne peuvent développer leurs aptitudes à cause d’une éducation trop sommaire voire inexistante. Des femmes pourtant brillantes sont condamnées à rester chez elles, assignées à des tâches ingrates qui ne font que les rabaisser.

Aujourd’hui, des femmes fuient l’Afghanistan craignant pour leur vie et leur sécurité. Apprécieriez-vous d’avoir peur dès que vous sortez dans la rue, à visage découvert, de vous faire enlever. Si vous occupez une place importante ou influente dans la société, vous pouvez vous faire pourchasser comme une vulgaire bête de somme. Vous risquez votre vie à tous les coins de rue, jusque dans votre maison. Pourquoi ? Parce que vous leur faites peur, oui , ils ont peur de vous, vous pourriez vous servir de votre popularité pour les mettre à mal, pour insuffler un mouvement de groupe, une révolte, des manifestations, discréditer leurs idées, leur système. Sahraa Karimi, une réalisatrice et la première femme, qui a dirigé l’Afghan Film Organization, a dû fuir son pays peu après le retour des Talibans en Août 2021 de peur pour sa vie.

A Kaboul, vous serez aussi victime de violences verbales, physiques si vous portez un pantalon évasé ou si vos chevilles sont visibles. Vous ne porterez plus de talons car ils font du bruit lors de vos déplacements. Vous voulez vous maquiller ? Impudentes ! Essayez un peu et vous verrez vos biens saccagés et vos affaires brûlées ! En vous ôtant l’accès à la beauté, les Talibans prennent une part de votre être, de votre identité, et oserions-nous dire votre féminité. Ils pensent devoir se protéger de vous en vous effaçant de la société. En août 2021, les Talibans n’étaient pas encore à Kaboul que déjà les commerçants repeignaient leurs façades dissimulant les panneaux publicitaires mettant en scène des femmes en tenues de soirée, maquillées, ou encore avec des robes de mariée. Les Talibans vous retirent également toute autonomie : les femmes ne peuvent plus sortir sans être accompagnée d’un mahram, un membre de la famille comme le mari, un frère ou le père. La société afghane est comme scindée en deux mondes qui coexistent sans se croiser. La preuve : les bus pour les femmes et les hommes sont distincts !

La justice aussi est inégale ! Les Talibans ne respectent pas l’article 1 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » créé en 1789. Doit-on croire que l’Homme avec un grand H ne désigne que les hommes et non les femmes ? Les Talibans ne considèrent pas les femmes comme des Hommes à part entière. Les Talibans vous condamneront à l’exécution publique par lapidation pour le moindre adultère alors que les hommes en commettent cent  ! Mais en vous ôtant la vie, ils perdent toute leur humanité, deviennent des barbares, des rustres, des êtres primitifs sans cœur ni respect pour la vie. Mais comment peuvent-ils agir ainsi ? Alors que l’homme prétend être l’espèce la plus évoluée sur Terre, ils en sont encore à tuer leurs semblables à coups de pierre ! Comme le dit Yasmina Khadra : « L’homme doit arrêter de se prendre pour dieu. ». Il doit sortir de cette idée de supériorité sur les autres êtres, comme le font si bien les Talibans qui écrasent les femmes avec leur lois liberticides.

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